samedi 4 juillet 2009

Lofoten

Poèmes sur les îles Lofoten

Aux lofoten

Poème en prose publié par heliomel sur http://poeme-en-prose.jepoeme.com/discussion-141699-Aux_lofoten/1.html
le 27 Jan 2009 à 13:18

La terre s'étrécit
Les fjords sont rares
Et les silences fréquents

Ondulante, la houle forcit.
Couronnées de blanche écume
Sans cesse les vagues valsent
Brumes sur les icebergs

Cinglant, le vent
Gémit devant la porte
Rondins de bois
Sont solidaires

Vois comme l'hiver est long et les arbres glacés
Quand les cristaux de givre artistement placés
Sur les vitres étoilées dessinent une dentelle
Une bûche au foyer gratte du violoncelle



Tous les morts sont ivres


"Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale
Au cimetière étrange de Lofoten.
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au cœur des cercueils pauvres de Lofoten.

Et grâce aux trous creusés par le noir printemps
Les corbeaux sont gras de froide chaire humaine
Et grâce au maigre vent à la voix d'enfant
Le sommeil est doux aux morts de Lofoten.

Je ne verrai très probablement jamais
Ni la mer ni les tombes de Lofoten
Et pourtant c'est en moi comme si j'aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa peine.

Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
- Le nom sonne à mon oreille étrange et doux,
Vraimentt, dites-moi, dormez-vous, dormez-vous ?

- Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Beau claret dont ma coupe d'argent est pleine,
Des histoires plus charmantes au moins folles ;
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.

Il fait bon. Dans le foyer doucement traîne
La voix du plus mélancolique des mois
- Ah les mots, y compris ceux de Lofoten -
Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi…"

Oscar Venceslas von Lubics Milosz, in Livre d'Or de la poésie française, Seghers, ed. Marabout, 1998., p. 318 et recueil Chansons et danses d'autrefois, in Poésies, tome I, Éditions André Silvaire, 1972, p. 176.

Oscar Venceslas von Lubicz-Milosz, (on trouve aussi l'orthographe Oskar Wladyslaw De Lubicz Milosz) poète lituanien de langue française, est né en 1877.Il était issu d'une famille noble et vint à Paris faire ses études au lycée Janson-de-Sailly, puis à l'École du Louvre. Il voyagea beaucoup en Europe, et s'installa en France où il fut notamment chargé d'affaires de Lituanie. Il écrivit une première poésie dans la lignée du symbolisme (Le Poème des Décadences et Les Sept Solitudes) . Puis sa poésie ne cessa de s'élargir à partir du recueil Les Eléments. Il devrait ensuite écrire une poésie d'inspiration mystique (Epitre à Storge, La Confession de Lemuel, Arcanes). Le poète est également auteur d'un roman et un mystère, Miguel Manara. Il est aussi l'auteur de plusieurs traductions, notamment de textes anciens lituaniens. André Silvaire a édité ses œuvres complètes.
O.V. de L. est mort à Fontainebleau en 1939.
(à ne pas confondre avec Czeslaw Milosz (1911-2004), Prix Nobel 1980 de littérature.)

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